s'incliner à droite
surgir à gauche, qu'importe
salut au soleil
Langoureusement
bercée, une fleur sur l'eau
ce nénuphar
On les voit remuer doucement et nager...
Edmond Rostand
Noyé dans les soucis
Mais quand le soleil l'appelle
Il sort la tête de l'eau !
prince des étangs
à la tête couronnée d'or
s'admire dans l'eau calme
Les feuilles font la planche sur l'eau sans ride...
Instants de sérénité.
les feuilles de nuphar
comme un jeu de la marelle
s'offrent aux grenouilles
Corps et coeur dans l'eau
petit minois solaire
respire un bon coup
J'avais beaucoup ramé, d'un grand geste net et assoupi, les yeux
au-dedans fixés sur l'entier oubli d'aller, comme le rire de l'heure
coulait alentour. Tant d'immobilité paressait que frôlé d'un bruit
inerte où fila jusqu'à moitié la yole, je ne vérifiai l'arrêt qu'à
l'étincellement stable d'initiales sur les avirons mis à nu, ce qui me
rappela à mon identité mondaine.
Qu'arrivait-il, où étais-je ?
Il fallut, pour voir clair en l'aventure, me remémorer mon départ
tôt, ce juillet de flamme, sur l'intervalle vif entre ses végétations
dormantes d'un toujours étroit et distrait ruisseau, en quête des
floraisons d'eau et avec un dessein de reconnaître l'emplacement occupé
par la propriété de l'amie d'une amie, à qui je devais improviser un
bonjour. Sans que le ruban d'aucune herbe me retînt devant un paysage
plus que l'autre chassé avec son reflet en l'onde par le même impartial
coup de rame, je venais échouer dans quelque touffe de roseaux, terme
mystérieux de ma course, au milieu de la rivière : où tout de suite
élargie en fluvial bosquet, elle étale un nonchaloir d'étang plissé des
hésitations à partir qu'a une source.
L'inspection détaillée
m'apprit que cet obstacle de verdure en pointe sur le courant, masquait
l'arche unique d'un pont prolongé, à terre, d'ici et de là, par une haie
clôturant des pelouses. je me rendis compte. Simplement le parc de
Madame..., l'inconnue à saluer.
Extrait : Le nénuphar blanc. Stéphane Mallarmé