9 févr. 2012

tarte aux pommes...


Il était une fois
deux pommes qui s 'aimaient
pas assez pour en faire une symphonie
pourtant
c'était un couple à croquer
ils eurent beaucoup de petits pépins adorables
mais le destin ayant une dent contre eux
les engloutit jusqu'au trognon
moralité : la vie à deux
c'est pas de la tarte


Fleur de farine et pommes douces,
Il va neiger,
Je pense aux arbres pleins de mousse
Au vieux berger.
Graisse légère et sucre blanc,
Des étincelles
Sautent du feu rouge et tremblant
Comme des lèvres de demoiselle.
La neige va couvrir ce soir
Les fronts des hommes,
On entend pleurer dans le noir
La tarte aux pommes.
Elle se dore au fond du four
Gonflé d'arômes.
Je pense à l'hiver, au ciel lourd
Et je pense à la tarte aux pommes.

Pierre Gamarra

D'un geste rageur
parce qu'elle était en colère
elle avait lacéré cette pomme
déjà coupée et dénudée par lui.
Malgré leurs cris
qu'elle n'entendait pas
les morceaux continuaient à sourire.
Alors elle flancha
les ramassa un à un
les sucra de ses pleurs
les dressa dans la belle tourtière
et les fit mijoter
longtemps
jusqu'à ce qu'ils s'enrobent d'or
et elle de sérénité



Par-chemin détourné,
cachez vite cette tarte fifi-scellée par une art-tisane...
elle est trop xxxxxxx happy-tissante!!!!

Une bouchée de réconfort,ça goûte le bonheur!


"Petite Pomme

La petite pomme s'ennuie
De n'être pas encor cueillie.
Les grosses pommes sont parties.
Petite pomme est sans amie.
Comme il fait froid dans cet automne,
Les jours sont courts, il va pleuvoir.
Comme on a peur au verger noir
Quand on est seule et qu'on est pomme.
Je n'en peux plus, viens me cueillir,
Tu viens me cueillir, Isabelle.
Ah! que c'est triste de vieillir
Quand on est pomme et qu'on est belle!
Prends-moi doucement dans ta main
Laisse-moi me ratatiner
Bien au chaud sur ta cheminée
Et tu me mangeras demain."
Géo Norge


De l'arbre tomba la pomme toute écarlate
une main la ramassa avant qu'elle n'éclate
un couteau la dénuda ôtant les pépins
Et ainsi une tarte toute jaune devint...


La promenade de Picasso

Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
une pomme pose
Face à face avec elle
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu'elle est
mais
elle ne se laisse pas faire
la pomme
elle a son mot à dire
et plusieurs tours dans son sac de pomme
la pomme
et la voilà qui tourne
dans une assiette réelle
sournoisement sur elle-même
doucement sans bouger
et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz
parce qu'on veut malgré lui lui tirer le portrait
la pomme se déguise en beau bruit déguisé
et c'est alors
que le peintre de la réalité
commence à réaliser
que toutes les apparences de la pomme sont contre lui
et
comme le malheureux indigent
comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n'importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité
le malheureux peintre de la réalité
se trouve soudain alors être la triste proie
d'une innombrable foule d'associations d'idées
Et la pomme en tournant évoque le pommier
le Paradis terrestre et Ève et puis Adam
l'arrosoir l'espalier Parmentier l'escalier
le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l'Api
le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme
et le péché originel
et les origines de l'art
et la Suisse avec Guillaume Tell
et même Isaac Newton
plusieurs fois primé à l'Exposition de la Gravitation Universelle
et le peintre étourdi perd de vue son modèle
et s'endort
C'est alors que Picasso
qui passait par là comme il passe partout
chaque jour comme chez lui
voit la pomme et l'assiette et le peintre endormi
Quelle idée de peindre une pomme
dit Picasso
et Picasso mange la pomme
et la pomme lui dit Merci
et Picasso casse l'assiette
et s'en va en souriant
et le peintre arraché à ses songes
comme une dent
se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
les terrifiants pépins de la réalité.
Jacques Prévert
Paroles - Gallimard - 1949
envoyé par  Claudie


En H, en X et en damiers
les pommes retournées
ont habillé la tarte dorée.
A pleines dents
les gourmands
vont se régaler!


La pomme en tarte ...c'est « trognon » !

Dans la main d’Ève
de paradis on rêve
sur la tête de Newton
on pense gravitation
mais la pomme que l'on préfère
c'est celle des sœurs Tatin
tout le restant indiffère
une tarte ou bien rien
basta les pépins d’Éden
et la bosse des mathématiques
une tarte bien faite c'est certain
a un goût de paradis
et de génie aussi
c'est la fête
d'une cuisine alchimique


Trois pommes tranchées
Sur lit de pâte sablée
Un bien bon dessert

6 févr. 2012

village...


"Quand par le dur hiver...

Sonnet

Quand par le dur hiver tristement ramenée
La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !

Par le rêveur oisif, la douce après-dinée !
Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
Au bonheur ! - il ne veut devant sa cheminée
Qu'un voltaire bien doux, pouvant railler le froid !

Il tisonne son feu du bout de sa pincette ;
La flamme s'élargit, comme une étoile jette
L'étincelle que l'oeil dans l'ombre fixe et suit ;

Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ;
L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre
A la chaleur du jour le charme de la nuit !"
Jules Verne


Perspective de vie

S'élever un instant au-dessus du temps...
Écouter respirer le feu dans les cheminées...
Ne pas sentir le froid...revenir le coeur en émois....


La frileuse

Le vent d'hiver
frappe à la porte
n'ouvrez pas
que diable l'emporte
le cœur frissonne
crépite le feu
le chat dort frileux
la pendule sonne
l'hiver est un gueux
en manteau de neige
qui mendie les rêves
de vos jours fiévreux


Villages endormis sous la neige magique
Maisons aux volets clos mystères de la vie
Votre âme s'éblouit en instant poétique
comme une fleur s'ouvre offerte à sa mie


Piste blanche
Le long des vignes :
Accès direct
Aux toits du village


Ding ding dong
Les cloches sonnent
au village où toutes les maisons
se tiennent chaud.
Neige craie
Et toits d’ardoise
A demi cachés
Inutile de faire le gros dos !
L’hiver a tout recouvert
Qui a dit que morte saison s’ensuit ?
Sous la neige crépite la vie
Et de blanches fourmis
S’agitent sous les pieds de vigne.
Ne les voyez-vous pas se hâter
En rangs serrés et plonger
Vers ce village où il fait bon hiverner ?
Ils en pleureront bientôt de leur sève remontée
Et dans un joyeux embrouillamini (eux aussi)
Ils croiseront leurs bois de l’année
Un cep, un piquet, un cep, un piquet
Au pas cadencé de l’hiver il faut aller
Rappeler quel vin se prépare en grand secret
Quand vous reposez près de la cheminée.


Troncs d’hiver

Ils s’étaient alignés
Dans un ordre parfait
Pour laisser s’infiltrer la neige
Qui rejoindrait plus bas
La vallée et ses villages
Aux couleurs pâlies
Par le ciel
Seuls les toits
Jusqu’ici
Semblaient résister
À l’appel inéluctable
Du blanc …


Le vieux bonhomme hiver a jeté son manteau
Recouvrant terre et toits de son velours neigeux
Plus un frémissement même dans les ruisseaux
La nature est figée dans un silence pieux.

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