"Il a neigé à Port-au-Prince
Il pleut encore à Chamonix
On traverse à gué la Garonne
Le ciel est plein bleu à Paris
Ma mie l'hiver est à l'envers
Ne t'en retourne pas dehors
Le monde est en chamaille
On gèle au sud, on sue au nord..."
"Quand j'étais malade, mon père faisait du feu dans ma chambre. Il
apportait un très grand soin à dresser les bûches sur le petit bois, à
glisser entre les chenets la poignée de copeaux. Manquer un feu eût été
une insigne sottise. Je n'imaginais pas que mon père pût avoir d'égal
dans cette fonction qu'il ne déléguait jamais à personne. En fait, je ne
crois pas avoir allumé un feu avant l'âge de dix-huit ans. C'est
seulement quand je vécus dans la solitude que je fus le maître de ma
cheminée. Mais l'art de tisonner que j'avais appris de mon père m'est
resté comme une vanité. J'aimerais mieux, je crois, manquer une leçon de
philosophie que manquer mon feu du matin."
[Gaston BACHELARD, La psychanalyse du feu, Paris : Gallimard, 1949, p. 25]
"Aux dents de la crémaillère pendait le chaudron noir. La marmite sur trois pieds s'avançait dans la cendre chaude. Soufflant à grosses joues dans le tuyau d'acier, ma grand-mère rallumait les flammes endormies. Tout cuisait à la fois : les pommes de terre pour les cochons, les pommes de terre plus fines pour la famille. Pour moi, un œuf frais cuisait sous la cendre. Le feu ne se mesure pas au sablier : l'œuf était cuit quand une goutte d'eau, souvent une goutte de salive, s'évaporait sur la coquille. Je fus bien surpris quand je lus dernièrement que Denis Papin surveillait sa marmite en employant le procédé de ma grand-mère. Avant l'œuf, j'étais condamné à la panade. Un jour, enfant coléreux et pressé, je jetai à pleine louchée ma soupe aux dents de la crémaillère : " mange cramaille, mange cramaille ! ". Mais les jours de ma gentillesse, on apportait le gaufrier. Il écrasait de son rectangle le feu d'épines, rouge comme le dard des glaïeuls. Et déjà la gaufre était dans mon tablier, plus chaude aux doigts qu'aux lèvres. Alors oui, je mangeais du feu, je mangeais son or, son odeur et jusqu'à son pétillement tandis que la gaufre brûlante craquait sous mes dents. Et c'est toujours ainsi, par une sorte de plaisir de luxe, comme dessert, que le feu prouve son humanité. Il ne se borne pas à cuire, il croustille. Il dore la galette. Il matérialise la fête des hommes. Aussi haut qu'on puisse remonter, la valeur gastronomique prime la valeur alimentaire et c'est dans la joie et non pas dans la peine que l'homme a trouvé son esprit. La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin."
[Gaston BACHELARD, La psychanalyse du feu, Paris : Gallimard, 1949, pp. 37-38]
[Gaston BACHELARD, La psychanalyse du feu, Paris : Gallimard, 1949, p. 25]
"Aux dents de la crémaillère pendait le chaudron noir. La marmite sur trois pieds s'avançait dans la cendre chaude. Soufflant à grosses joues dans le tuyau d'acier, ma grand-mère rallumait les flammes endormies. Tout cuisait à la fois : les pommes de terre pour les cochons, les pommes de terre plus fines pour la famille. Pour moi, un œuf frais cuisait sous la cendre. Le feu ne se mesure pas au sablier : l'œuf était cuit quand une goutte d'eau, souvent une goutte de salive, s'évaporait sur la coquille. Je fus bien surpris quand je lus dernièrement que Denis Papin surveillait sa marmite en employant le procédé de ma grand-mère. Avant l'œuf, j'étais condamné à la panade. Un jour, enfant coléreux et pressé, je jetai à pleine louchée ma soupe aux dents de la crémaillère : " mange cramaille, mange cramaille ! ". Mais les jours de ma gentillesse, on apportait le gaufrier. Il écrasait de son rectangle le feu d'épines, rouge comme le dard des glaïeuls. Et déjà la gaufre était dans mon tablier, plus chaude aux doigts qu'aux lèvres. Alors oui, je mangeais du feu, je mangeais son or, son odeur et jusqu'à son pétillement tandis que la gaufre brûlante craquait sous mes dents. Et c'est toujours ainsi, par une sorte de plaisir de luxe, comme dessert, que le feu prouve son humanité. Il ne se borne pas à cuire, il croustille. Il dore la galette. Il matérialise la fête des hommes. Aussi haut qu'on puisse remonter, la valeur gastronomique prime la valeur alimentaire et c'est dans la joie et non pas dans la peine que l'homme a trouvé son esprit. La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin."
[Gaston BACHELARD, La psychanalyse du feu, Paris : Gallimard, 1949, pp. 37-38]
Dans l'âtre flamboyant le feu siffle et détone,
Et le vieux bois gémit d'une voix monotone.
Il dit qu'il était né pour vivre dans l'air pur,
Pour se nourrir de terre et s'abreuver d'azur,
Pour grandir lentement et pousser chaque année
Plus haut, toujours plus haut, sa tête couronnée,
Pour parfumer avril de ses grappes de fleurs,
Pour abriter les nids et les oiseaux siffleurs,
Pour jeter dans le vent mille chansons joyeuses,
Pour vêtir tour à tour ses robes merveilleuses,
Son manteau de printemps de fins bourgeons couvert,
Et la pourpre en automne, et l'hermine en hiver.
Il dit que l'homme est dur, avare et sans entrailles,
D'avoir à coups de hache et par d'âpres entailles
Tué l'arbre ; car l'arbre est un être vivant.
Jean Richepin, La plainte du bois
Le poème ne s'arrête pas là, après avoir justifié son "crime" l'auteur termine par
Et le vieux bois gémit d'une voix monotone.
Il dit qu'il était né pour vivre dans l'air pur,
Pour se nourrir de terre et s'abreuver d'azur,
Pour grandir lentement et pousser chaque année
Plus haut, toujours plus haut, sa tête couronnée,
Pour parfumer avril de ses grappes de fleurs,
Pour abriter les nids et les oiseaux siffleurs,
Pour jeter dans le vent mille chansons joyeuses,
Pour vêtir tour à tour ses robes merveilleuses,
Son manteau de printemps de fins bourgeons couvert,
Et la pourpre en automne, et l'hermine en hiver.
Il dit que l'homme est dur, avare et sans entrailles,
D'avoir à coups de hache et par d'âpres entailles
Tué l'arbre ; car l'arbre est un être vivant.
Jean Richepin, La plainte du bois
Le poème ne s'arrête pas là, après avoir justifié son "crime" l'auteur termine par
"Et toi qui regrettais le grand ciel et l'air pur,
Ô vieux bois, tu deviens un morceau de l'azur.".
Ô vieux bois, tu deviens un morceau de l'azur.".
La danse et la chanson du feu extrait de L'Amour Sorcier de Carlos Saura
et dansé par les extraordinaires Antonio Gades et Cristina Hoyos
envoyée par Colo
"Sans doute le feu réchauffe et réconforte. Mais on ne prend bien conscience de ce réconfort que dans une assez longue contemplation; on ne reçoit le bien-être du feu que si l'on met les coudes aux genoux et la tête dans les mains. Cette attitude vient de loin. L'enfant près du feu la prend naturellement."
Gaston Bachelard
Je fis un feu, l'azur m'ayant abandonné,
Un feu pour être, son ami,
Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hiver
Un feu pour vivre mieux.
Paul Eluard
Un feu pour être, son ami,
Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hiver
Un feu pour vivre mieux.
Paul Eluard
envoyé par
J'écris près de la lampe. Il fait bon. Rien ne bouge
J'écris près de la lampe. Il fait bon. Rien ne bouge.
Toute petite, en noir, dans le grand fauteuil rouge,
Tranquille auprès du feu, ma vieille mère est là ;
Elle songe sans doute au mal qui m'exila
Loin d'elle, l'autre hiver, mais sans trop d'épouvante,
Car je suis sage et reste au logis, quand il vente.
Et puis, se souvenant qu'en octobre la nuit
Peut fraîchir, vivement et sans faire de bruit,
Elle met une bûche au foyer plein de flammes.
Ma mère, sois bénie entre toutes les femmes.
François Coppée
envoyé par Denise
Monsieur... m'avait dit:
"Fais du feu"
Alors je fis feu!
Il devint "feu" monsieur...
Autrefois, flamboyant
Je le vois descendre
Tas de cendres
Me voilà larmoyant!
J'ai tant cheminer
Fini la cheminée!
J'ai froid...effroi
Sans chaleur, c'est la châle heure....
Claire Fo
« Si l'on n'est pas brûlé par le feu, on est noirci par la fumée. »
La flamme peut détruire.
Maîtrisée, elle illumine.
Christian Jacq
envoyé par Simone
Dans la cheminée un grand feu de bois
m'endort à demi me berce et m'enchante
mon cœur se libère des peurs qui le hantent
les flammes crépitent les bûches rougeoient
Leurs étincelles sont des étoiles filantes
des fleurs éphémères qui dansent devant moi
éveillant mon esprit aux veillées d'autrefois
aux contes de neige délicieuses épouvantes
Je me souviens de l'enfant écoutant ces histoires
ces légendes d'antan évoquant pour mémoire
la nuit froide des loups sous la lune blafarde
On est bien près de l'âtre dehors rode la peur
quand le vent mord qu'aboie le chien de garde
comme on aime avoir peur dans sa douce chaleur
Amichel