Octobre a blanchi la montagne Mais de nouveau le jour est bleu Sur la vigne, attisant le feu Dont elle empourpre la campagne. Jean Lebrau "Sous le signe d'octobre" 1943 envoyé par Tilia
Manger du raisin une grappe après l'autre comme une grappe de mots Mukai Kyorai envoyé par Miss Yves
La feuille d'automne en rougit de grand plaisir le vin sera bon Miss Yves
Nous nous sommes couchés sous l'arbre vénérable et nous avons goûté au raisin chaud et mûr l'ambre des fruits avait goût de soleil confit... Marine D
...Mon livre est cette vigne, où, présent de l’automne, La grappe d’or attend, pour couler dans la tonne, Que le pressoir noueux crie enfin avec bruit... Aloysius Bertrand envoyé par Denise
Sous le chêne tutélaire Embrasser du regard La campagne dans la lumière Les rangs de vigne comme un boulevard Menant au village blotti sagement Dans un vallon silencieux Où il fait bon vivre simplement A l’abri du passage, à l’abri des curieux. Maïté Aliénor
Une feuille rousse une feuille jaune s'enlacent pour danser une valse à trois temps une valse d'octobre Je suivrai leur cadence adoptant leur tempo tu voudras toi aussi m'étreindre un instant...
Au beau milieu des feuilles rousses Une belle blonde prend le soleil... Elle se pavane et se trémousse Hum...dans le plus simple appareil... Montrant sa jolie peau dorée Et ses jolies dents affûtées... Dans une dernière tentative Avant l'arrivée du givre... Du coup, les autres, un peu gênées, Commencent à se recroqueviller... Dissimulant, un peu craintives... Leur splendide robe de cuivre... De peur que dans la lumière dansante Celle-ci ne devienne transparente... La Licorne
lumière automnale une belle feuille de platane se dore au soleil Tilia
Feuille d'automne Bijou vermeil Qui tourbillonne Dans le soleil, Flambe l'automne Pourpres et ors Qui vermillonnent Tel un trésor. Charlotte Serre Patachon (1914-2000) envoyé par Tilia
Automne malade
Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers
Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 envoyé par Miss Yves
Toi aussi Mona-dorée Tu temps es allée En terre retrouver Tes amours très-passés....
Un dernier éclat Puis tu tant vas... Emoi je reste las Faisant signe de croix.... Claire Fo
Toutes emmêlées mais pas fripées croustillantes à souhait elles dans leur chatoyante langueur réchauffent les corps avant les brumes et les coeurs en prévention d'hiver... Saravati Au fil de fifi Il y a un marché d’automne A effeuiller délicieusement Quelques sursauts de lumière Et les feuilles font étalage de leurs parures façonnées. Elles naviguent à même le sol Tandis qu’en ombre chinoise s’invite la fine girafe tandis que glisse un vieux gréement. Automne prenez-y garde le spectacle est fragile le spectacle est craquant Les belles ne vivent Qu’en l’absence du vent ! Maïté Aliénor
"Le fer est le fer Et n'a que la rouille Pour le dire" Daniel Lefèvre, Rencontres - 2003
"On me demande souvent quelle est la technique la plus efficace pour améliorer sa vie.
Il est un peu embarrassant d'avouer, après des années de recherches et d'expérimentations,
que la meilleure réponse est : soyez juste un plus gentils"
Aldoux Huxley
Un peu de rose Dans un grand champ C'est peu de chose Et pourtant... La fleur éclose Eclaire un temps Mon coeur morose Qui attend... Tout se repose Et se détend Une joie sans cause Se répand... La Licorne
Petite fleur
J'ai caché Mieux que partout ailleurs Au jardin de mon coeur Une petite fleur
Cette fleur Plus jolie qu'un bouquet Elle garde en secret Tous mes rêves d'enfant L'amour de mes parents Et tous ces clairs matins Faits d'heureux souvenirs lointains... Fernand Bonifay Mario Bua envoyé par Denise Petite...grandit-ose Géant-vie de mauve! Comme la gentille-Anne Sois ma courte-tisane Claire Fo
« Jette, si tu m'en crois, ces ramures de buis Et ces feuilles de chou, mais laisse sur tes fruits S'entre-croiser la mauve et les pieds d'alouette Qu'un liseron retient dans son fil de clochettes. » Cécile Sauvage - La Corbeille envoyé par Tilia
Quand vous n'avez plus d'espoir, regardez l'horizon. Et admirer cette fleur qui pousse, elle ne devrait pas être là mais elle a tout fait pour y parvenir. Donc reprenez espoir comme cette fleur et allez de l'avant. Simone
Si quelqu'un dit du mal de toi, ne te prends pas la tête. Les guêpes piquent toujours les fleurs les plus belles. Simone
Avec mon petit compact Canon Ixus, j'ai réussi à l'attraper :-)
Une ombre tout là-haut dans le ciel Libre d'aller où ses envies l'appellent Musarde en rêvant d'une échappée nouvelle... La Licorne
Petite mouche des nuages majuscules Petit homme tête d’épingle En trompe-l’œil Moi le géant sur terre qui te regarde Je te cache du bout du doigt A contre-jour tu voles Quand je ne peux que rêver ! Maïté Aliénor
L'avion, au fond du ciel clair, Se promène dans les étoiles, Tout comme les barques à voile Vont sur la mer.
C'est un moulin des anciens âges Qui soudain a quitté le sol Et qui, par dessus les villages A pris son vol. Lucie Delarue-Mardrus - L'avion envoyé par Tilia
"Un peu plus haut, un peu plus loin Je veux aller encore plus loin Peut-être bien qu'un peu plus haut, Je trouverai d'autres chemins" Ginette Reno envoyé par Claire Fo
Le désir du vol est une idée qui nous vient de nos ancêtres,
lesquels, aux temps préhistoriques,
dans leurs épuisants voyages au
travers des terres sans traces,
regardaient avec envie les oiseaux
planer librement à travers l'azur,
à pleine vitesse, au-dessus de tout
obstacle, sur la route infinie du ciel.
Défiant les vagues des nuages vole une petite embarcation tel un oiseau hors de sa cage fend l'espace ce poucet de l'aviation Amichel
" On ne peut empêcher les oiseaux noirs de voler au-dessus de nos têtes , mais on peut les empêcher d' y faire leur nid . " Proverbe chinois envoyé par Mathilde
"L'espace de l'esprit, là où il peut ouvrir ses ailes, c'est le silence." Antoine de Saint-Exupéry envoyé par Martine
De fleurs en ailes de gouttes en antennes, de robe blanche en pétales bleus tout n'est qu'effleurement, caresse butinée et fin duvet sur fond de fragilité. Maïté Aliénor
Il est venu boire aux perles d'eau de la fleur le blanc papillon Tilia
Pour l'hysope bleue Seul Esope Saurait nous conter Les amours ailées D'une fleur en bleu cotillon Et d'un papillon Qui l'effleure Avec émotion Miss Yves Le bonheur est comme un papillon : il vole sans jamais regarder en arrière Robert Lalonde envoyé par Denise
un papillon aux ailes d'ange aspire le nectar de l'hisope belle vision qui change des buveurs de chope Amichel
Il a replié ses blanches misaines Et le voici tout à l’aubaine D’une bleutée toute sucrée Qui lui fait auberge sacrée : Célébration, Sans concession, De la vie qui lui fut donnée, Soyeuse, bien amidonnée, Paradoxale, non sans peine, Et vibrante jusqu’aux antennes ! Amezeg
Battement d'ailes zéphir de papillon Symphonie en bleu Marine Zoup
« Papillon, ce billet doux plié cherche une adresse de fleur. » Jules Renard envoyé par Simone
Flirt azuréen La belle Ysolde et le vif Gédéon, Ce sont l'Hysope et son blanc papillon. Noces de papier, de papier crépon De papier de soie, de papier japon.
Elle est très fleur bleue, Ysolde Il est virginal, Gédéon ! Il virevolte dans l'azur, Perles de rosée, Rosir de plaisir Jusqu'à se pâmer
Fraîche tarlatane Parade et pavane Pour l'Hysope et son compagnon Vive les noces de chiffon! Miss Yves
Bouquet rempli de larmes Celui de la mariée... Le volage époux papillonne ailleurs... C'est le bouquet! Claire Fo Posé sur la mauve Butine effleure en volée L'hysope caressée Den
La lumière du jour qui vient
danse au matin
Les étoiles dans la nuit
dansent aussi
les rires des aubépines en fête
dansent avec la vive alouette
les feuilles d'or qui frissonnent
dansent avec le vent d'automne
l'amour qui n'est que douceur
danse dans les cœurs
une poésie sans paroles
danse avec un corps qui s'envole Amichel
Dans la lumière du couchant, les fées de l'été Expriment leur joie en dansant sur le rivage. Pour parfaire fort à propos cette belle image, Les vaguelettes dansent elles aussi avec gaîté. Tilia
« Danses avec les pieds, avec les idées, avec les mots, et dois-je aussi
ajouter que l'on doit être capable de danser avec la plume ? » Friedrich Nietzsche envoyé par Simone
Dans l'or du soir deux naïades endiablées dansent la sardane Marine Zoup
Quand le soleil se couche sur la mer lève toi homme de peu d'envie levons-nous et admirons cette terre, cet horizon, cette immensité si belle jusqu'à quand ? Admire et fais silence et tais ton chagrin tes peurs, tes regrets tout ce qui te tourmentes regarde intensément ce que l'au delà nous offre encore et encore réfléchis à ce monde qui a besoin de nos soins pour demeurer intact et que nos enfants aient la chance de contempler un tel enchantement...
Mais quand le jour sur les vagues tremblantes S'en va mourir ; quand, souriant encor, Le vieux soleil glace de pourpre et d'or Le vert changeant des mers étincelantes, Dans des lointains fuyants et veloutés, En enfonçant ma pensée et ma vue, J'aime à créer des mondes enchantés Baignés des eaux d'une mer inconnue. L'ardent désir, des obstacles vainqueur, Trouve, embellit des rives bocagères, Des lieux de paix, des îles de bonheur, Où, transporté par les douces chimères, Je m'abandonne aux songes de mon coeur. François-René de Chateaubriand
Tel un œil flamboyant au-dessus de la mer, Sous le voile de l'impérieuse Nuit s'abaissant, Le roi Soleil ferme peu à peu sa paupière Et plonge dans l'eau profonde du rêve naissant.
"Elle est retrouvée. Quoi ? - L'Eternité. C'est la mer allée Avec le soleil." Arthur Rimbaud envoyé par Amichel
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées.
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées. Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ; Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront; ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des monts, Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde, immense et radieux !
Lumière de l’immensité, Tu m’enseignes l’humilité. Ta majesté sans fard Se donne sans égard Au pesant de la bourse Quand s’achève ta course, Diurne et passagère, Sur ce morceau de Terre Où je gagne misère. Puissé-je, ainsi comblé De tes ors et tes pourpres, Ne jamais oublier Que la richesse vraie Nous vient d’une lumière À chacun partagée. Amezeg
" Quand les vagues frappent les rochers ce sont toujours les moules qui trinquent ..." La lucidité de José Saramago envoyé par Mathilde
Rochers vermeils Pierres de soleil Caressées par l'écume D'une mer bleu-lagune Voici l' heure enchantée De l'éternel été... La Licorne
Jolies rondeurs généreuses des rochers caressés par les vents et les flots ! Naline
Dans l’œil bleu de la pierre d’ocre rouge Plonge le regard éternel de mes jeunes printemps. La mer, à moi se donne sans compter, Je me perds et me trouve sur le rivage de l’été, Miroir, gentil miroir d’eau claire, Dis-moi si je suis vraiment celle Que cette image dans la pierre Semble fugitivement refléter... Amezeg
Le temps comme suspendu aux doux rayons de soleil ajoutant du miel à la chevelure. Les pensées suivent le caillou dessinant en creux en relief et en grains de sable Tandis que les ombres se penchent sur la beauté de l’instant . Petit
caillou, grande pierre, siège la jeunesse, l’adolescence capable de
dessiner l’avenir dans les reflets d’un caillou de rencontre.
Mais dites... Elle médite Au sable lié Le temps c'est "cool" Comme je lent-vie.... Claire Fo
Sur la plage abandonnée Coquillage et crustacés Qui l'eût cru déplorent la perte de l'été Qui depuis s'en est allé Jean-Max Rivière 1962 envoyé par Tilia
Dormante. Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse Ma gisante aux pieds nus sur le sable mouillé Toi ma songeuse mon heureuse ma nageuse Ma lointaine aux yeux clos mon sommeillant œillet
Distraite comme nuage et fraîche comme la pluie Trompeuse comme l’eau légère comme vent Toi ma berceuse mon souci mon jour ma nuit Toi que j’attends toi qui te perds et me surprends
La vague en chuchotant glisse dans ton sommeil Te flaire et vient lécher tes jambes étonnées Ton corps abandonné respire le soleil Couleur de tes cheveux ruisselants et dénoués
Mon oublieuse ma paresseuse ma dormeuse Toi qui me trompes avec le vent avec la mer Avec le sable et le matin ma capricieuse Ma brûlante aux bras frais mon étoile légère
Je t’attends je t’attends je guette ton retour Et le premier regard où je vois émerger Eurydice aux pieds nus à la clarté du jour Dans cette enfant qui dort sur la plage allongée.
Au creux d’un coquillage Que vienne l’heure claire Je cueillerai la mer Et je te l’offrirai. Y dansera le ciel Que vienne l’heure belle. Y dansera le ciel Et un vol d’hirondelle Et un bout de nuage Confondant les images En l’aurore nouvelle Dans un reflet moiré Dans un peu de marée Dans un rien de mirage Au fond d’un coquillage. Et te les offrirai. Esther Granek envoyé par Denise
Tant qu’on est sur un bateau, la vie est simple et sans accroc. Les gens ne peuvent pas vous téléphoner et l’on ne court pas le risque d’accepter des rendez-vous auxquels on n’a nulle envie d’aller, ou de se laisser entraîner dans des escapades qui n’offrent aucun attrait. Louis Bromfield envoyé par Simone
L'escalier qui va à la cave, on le descend toujours. (...) L'escalier qui monte à la chambre, on le monte et on le descend. (...) Enfin,
l'escalier du grenier plus raide, plus fruste, on le monte toujours. Il
a le signe de l'ascension vers la plus tranquille solitude. Quand je
retourne rêver dans les greniers d'antan, je ne redescends jamais.
Quand je monte, je monte, je monte, je monte chez toi J'ai le cœur qui saute, qui saute, qui saute de joie Et dans le petit escalier Qui n'en finit pas de monter Oh j'aime, j'aime, j'aime, j'aime venir chez toi Même, même, même si c'est haut chez toi Aussi ne t'étonne pas Si j'ai le cœur qui bat Quand je monte, je monte, je monte, je monte chez toi Gerard Darmon envoyé par Claire Fo
"Le meilleur moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier" Georges Clémenceau envoyé par Odile
LE PEINTRE JARDINIER À tous les peintres, Vous,
les artistes, vous qui pensez faire des tableaux pour la postérité,
êtes persuadés que l'état de peintre se situe très au-dessus de celui du
jardinier, courbé vers la terre. Vous composez votre modèle. Vous
groupez sur un torchon froissé deux ou trois pommes, un pot vernissé ou
une bouteille de vin. Puis vous étalez la couleur sur la toile et vous
vous efforcez de représenter le sujet avec toute l'efficacité de votre
talent. Ensuite vous donnez une dernière couche de vernis. Enfin, vous
l'entourez d'un cadre pour le mettre en valeur. Votre "Nature morte" est
achevée. Il n'y a pas de quoi regarder de haut celui qui travaille
sur la nature vivante. Votre toile, fixée à jamais, restera ce qu'elle
est. Pendant ce temps, les soins attentifs du jardinier feront éclore
les fleurs et s'arrondir les fruits. Ses outils ne sont ni la brosse, ni
le couteau à palette, mais la bêche, l'arrosoir, le sécateur. Lui
aussi compose un tableau. La différence est que ce tableau n'est jamais
figé. Il change au cours de la saison, imperceptiblement de jour en
jour, les tiges s'allongent, les feuilles s'élargissent, les racines
s'enfoncent. D'instant en instant, il se modifie et le jardin de
l'automne n'est plus du tout celui du printemps. Prenons l'exemple
des pommes. Elles passent du bourgeon à la fleur, de la fleur au fruit,
du vert au rouge, jusqu'à la cueillette. "C'est exact, me direz-vous,
mais ces pommes seront mangées, il n'en restera rien !" Eh bien,
justement ! Le jardinier en acceptant qu'elles ne soient pas éternelles,
ajoute à ses qualités de créateur, celles de la modestie et de
l'effacement.
Marthe Seguin-Fontes
Extrait de Lettres de mon jardin
Editions du Chêne
LE JARDINIER PHILOSOPHE à Eugène B. L'état de jardinier conduit-il à devenir philosophe, ou bien faut-il être philosophe pour embrasser l'état de jardinier ? En
un mot, la sagesse vient-elle à ceux qui bêchent et qui plantent ?
C'est bien, me semble-t-il, ce qu'il vous était advenu lorsque je vous
rendis visite dans votre jardin de Saint-Paul-de-Vence, au milieu des
citronniers et des bigaradiers que vous aviez plantés, de votre carré de
kiwis qui étaient encore une rareté. Comme vous paraissiez heureux
et serein au cœur de ce jardin florissant ! Ce que la vie au jardin
enseigne, c'est d'abord la patience. Il y a loin, de la graine au fruit !
Savoir attendre est une des vertus de la maturité, lorsque la fougue de
la première jeunesse a déversé son flot impétueux. Attendre vingt et
un jours pour croquer les radis, c'est bien peu. Attendre quarante
jours après la floraison des cerisiers pour cueillir les cerises, ce
n'est pas trop. Mais attendre une année entière avant de savoir si la
bouture a pris, si le scion est devenu un solide arbrisseau ! Ne parlons
pas de plantes bisannuelles ! En second lieu, le bon jardinier a
appris à envisager l'avenir avec optimisme. Espérer, toujours espérer ;
des semis plus vigoureux, une plus belle floraison, une meilleure
récolte. Enfin, s'il arrive que cette dernière ne donne pas le fruit
escompté, l'expérience lui a donné le courage de maîtriser sa déception,
de donner à l'échec des proportions raisonnables, de mettre en
équilibre ses craintes et ses espoirs. Croyez bien que je vous sais ces trois précieuses qualités.
"L'amour, ce n'est pas faire des choses extraordinaires, héroïques; mais de faire des choses ordinaires avec tendresse." Jean Vanier envoyé par Aurélie
Le verger
Simone, allons au verger Avec un panier d'osier. Nous dirons à nos pommiers, En entrant dans le verger : Voici la saison des pommes. Allons au verger, Simone, Allons au verger.
Les pommiers sont plein de guêpes, Car les pommes sont très mûres : Il se fait un grand murmure Autour du vieux doux-aux-vêpes. Les pommiers sont pleins de pommes, Allons au verger, Simone, Allons au verger.
Nous cueillerons le calville, Le pigeonnet et la reinette, Et aussi des pommes à cidre Dont la chair est un peu doucette. Voici la saison des pommes, Allons au verger, Simone, Allons au verger.
Tu auras l'odeur des pommes Sur ta robe et sur tes mains, Et tes cheveux seront pleins Du parfum doux de l'automne. Les pommiers sont pleins de pommes, Allons au verger, Simone, Allons au verger.
Simone, tu seras mon verger Et mon pommier de doux-aux-vêpes ; Simone, écarte les guêpes De ton coeur et de mon verger. Voici la saison des guêpes, Allons au verger, Simone, Allons au verger. Remy de Gourmont envoyé par Denise
Après avoir récolté mes pommes, je me
suis amusée à les dessiner dans leur panier. Ce sont des pommes
naturelles, pas toujours bien rondes, ni de grosseur égale, ni
également mûres. Des pommes sincères en somme. Ni des pommes de peintre,
ni des pommes de marchands fruitiers qui jouent si bien le jeu des
apparences et ne sont là que pour être vues et pour être achetées. Chez
ces dernières, tu vois, l'esthétique a pris le pas sur tout le reste.
Leur grosseur exceptionnelle et calibrée, leur forme tellement sphérique
qu'elle relève plutôt de la géométrie que de la nature, leur beauté
vernie, rouge ou verte, tout est là pour tenter les mille et une Eve des
supermarchés. Mais leur goût, qu'en restera-t-il lorsqu'elles les
auront croquées ? Pommes de cellulose, pommes de papier, ersatz de
pommes, pommes de vitrine. Je crains, hélas, que ne se soit réduit à
bien peu le nombre de ceux qui ont en mémoire le souvenir des bonnes
pommes acidulées-sucrées d'autrefois. Sans me vanter, il me semble
pourtant que celles de mon jardin, toutes chétives qu'elles soient, ont
gardé un reste de saveur du paradis perdu. Marthe Séguin-Fontes
La rue s'est emplie de tomates midi, été, la lumière se coupe en deux moitiés de tomate, dans les rues le jus coule. En décembre la tomate se déchaine, envahit les cuisines, s'introduit dans les repas s'assied calmement sur les buffets, parmi les verres, les beurriers, les salières bleues. Elle a une lumière propre, une majesté bénigne. Nous devons, par malheur, l'assassiner : le couteau plonge dans sa pulpe vivante, c'est un rouge viscère un soleil frais, profond, inépuisable, elle emplit les salades du Chili, elle se marie allégrement avec le claire oignon et pour fêter ça
envoyé par Odile Les tuteurs tutoient les tomates A l'assaut de l'été la géographie s'en mêle quand Les œillets d'Inde montent la garde pour éloigner insectes et mildiou. Mais voici que pointent leurs attraits les noires de Crimée et les tomates roses de Berne sans oublier les cornues des Andes. Mais il y a aussi les intimes cœurs de bœuf et celles qui vous ouvrent les portes du paradis de leurs grelots Sur un chemin tracé de longue date par les Roma ! j'ai nommé les Saint-Pierre! Quant au poème de Neruda, il nous fait saliver! Maïté Aliénor
Nahuati, tomati, Légume d'été aujourd'hui Autrefois tu fus un beau fruit: Pomme d'amour, pomme d'or Pomodoro, pomidor. Ajoutez un filet d'olive Voilà le gourmet qui salive, En souvenir de l'Italie, Pizza ou tomate farcie, Tu mérites bien une aubade, Petit soleil rouge en salade, Tomate cueillie aux rivages: Xitomati, Jitomate, Tomato, tomata, tomaat, tomaquet Un même nom pour maints voyages Toi, la reine du potager! Miss Yves
Quand la tomate en pleurs...
Très tôt, dans le matin emperlé de rosée Je me rends au jardin et remplis mon panier De ces bons végétaux qui croissent sans souci: Tomates, céleri, courgettes et persil...
Ces légumes bien frais sont pour moi un poème. J'admire leur beauté, leur plénitude, même Et je les remercie d'être là, pour combler Nos goûts, nos appétits toujours renouvelés.
Quand la tomate en pleurs verse larmes de sang Mon estomac se serre, aussitôt, je ressens Pour cette chair meurtrie une immense tendresse Et je donne à sa peau une ultime caresse.
Mais il faut bien manger: ah, que la chair est bonne De ce légume rond qui à nous s'abandonne Sous un doux filet d'huile issu de l'olivier, Relevée d'un peu d'ail qui va la parfumer.
Un brin de basilic va lui flatter le teint La ciboulette, aussi, cueillie au frais matin Apporte son piquant à la chair si sucrée Qu'on croit, en la goûtant, savourer un baiser!Michèle Corti envoyé par Denise